Écovolontariat : ma formation en restauration de corail

You are currently viewing Écovolontariat : ma formation en restauration de corail

Mon cœur balance toujours entre forêt et océan, les deux poumons de la planète. Je vous ai déjà raconté la vie des arbres et fait découvrir des initiatives de reforestation lors de mon séjour en Colombie, il est à présent temps de vous raconter la vie sous l’eau. Après tout, la vie aquatique m’a fasciné au point de suivre une formation de divemaster et même de pousser plus loin : faire une formation spécifique sur la restauration de corail !

L’océan, essentiel à la vie

Pour commencer, remettons les choses dans leur contexte. La Terre est recouverte à 70 % d’eau, dont 97% est de l’eau de mer. C’est d’ailleurs ce chiffre qui m’a frappé et incité à explorer les fonds marins. Bah oui, si on est voyageur, on peut pas passer à côté de plus de la moitié du globe !

L’océan joue un rôle primordial dans l’écosystème global, car il fournit deux ressources essentielles à la vie sur Terre :

L’oxygène: 98% de l’oxygène que nous respirons provient de la photosynthèse, dont 1/3 vient des océans notamment grâce aux phytoplanctons.

La distribution de la chaleur: en faisant circuler la chaleur l’océan évite les zones trop chaudes ou trop froides et participe à la régulation du climat.

20150710-coral-006

Petit aparté sur les phytoplanctons, ces organismes logeant dans les premiers mètres d’eau. Les phytoplanctons sont des producteurs primaires, c’est à dire des organismes à la base de la chaîne alimentaire capables de transformer l’énergie solaire en composés d’énergie assimilable par les organismes vivants : l’oxygène et les glucides. Ils permettent la productivité primaire, processus selon lequel l’énergie entre dans la chaîne alimentaire.

Dans l’océan, et même sur Terre, la photosynthèse par le phytoplancton est la source la plus significative de productivité primaire !

L’importance des récifs coralliens

La distribution du phytoplancton n’est pas homogène, car ayant besoin de nutriments, ils se trouvent plutôt dans les régions où les courants remontent les nutriments des profondeurs à la surface.

Les eaux tropicales pourraient donc être très pauvres en productivité, due à l’absence de nutriments et donc de phytoplancton. Mais comme la Nature est bien faite, l’océan abrite les récifs coralliens, qui font partie des écosystèmes les plus productifs et complexes sur Terre.

20150710-coral-005

Les coraux sont aussi des producteurs primaires car ce sont des animaux vivant en colonies d’individus (appelés polypes) qui abritent une forme de phytoplancton symbiotique et se développent dans les eaux pauvres en nutriments car cela les protège d’autres organismes.

Ils sont une véritable nurserie pour environ 25% des espèces marines, et l’habitat d’environ 33% des espèces de poissons. Ils protègent aussi les îles et communautés côtières des dommages liés aux océans (tempêtes, vagues, érosion…).

Ce sont des êtres très fragiles et sensibles à tout changement dans la lumière, les nutriments et la température.

Menaces sur les récifs et la vie aquatique

Si bien sûr les coraux sont affectés par les dommages naturels (tsunamis, tremblements de terre, ouragans, typhons etc.), c’est surtout l’activité humaine qui constitue la plus grande menace.

-> L’érosion liée à la déforestation, car les arbres constituent des filtres protecteurs naturels aux pluies fortes, glissements de terrains, et empêchent la propagation des polluants, sédiments et nutriments dans l’eau.

Si on prend le cas des mangroves, c’est un double problème car elles sont le centre de reproduction de poissons et de développement des juvéniles, avec des eaux très riches en nutriments. En les faisant tomber, on détruit un habitat et on laisse la voie libre à tous ces intrants qui vont étouffer et tuer le corail.

20150604-Palomino-049

-> La pollution liée à l’agriculture conventionnelle : fertilisants et excréments animaux sont des nutriments qui vont permettre à la prolifération d’algues, privant l’océan d’oxygène et tuant la vie marine.

-> La surpêche et certaines pratiques de pêche (chalutage, dynamite…) causent des déclins de populations, des déséquilibres et dommages irréversibles.

-> Le développement côtier et le tourisme sont source de destruction et de pollution. Les touristes non avertis endommagent parfois directement le corail par leurs activités de snorkelling ou de plongée, l’utilisation de produits chimiques (notamment la crème solaire), ou en touchant les animaux marins. Ils peuvent contribuer à des déséquilibres par la consommation d’espèces marines, à la récolte ou l’achat de corail, coquillages et autres produits de la mer. Les activités nautiques, notamment en bateaux sont aussi source de stress et destruction par le bruit, la pollution et l’ancrage mal effectué.

-> Le changement climatique entraîne la hausse des températures et l’acidité dans les océans menant au blanchissement des coraux, c’est dire que les coraux sont stressés et rejettent le phytoplancton symbiotique vivant à l’intérieur et arrêtent la production primaire. L’acidité empêche également le bon développement de l’exosquelette du corail.

-> La pollution par les intrants toxiques, le plastique et le pétrole qui contaminent les coraux et les espèces marines

20110101-cozumel-015

 

C’est pourquoi des eaux tropicales riches en nutriments du à la destruction des habitats côtiers, au développement touristique, aux forages pétrolier et à la pollution, les coraux meurent.

Il est donc crucial de lutter contre ces causes :

– En changeant ses habitudes alimentaires : manger moins de viande et de produits de la mer, s’orienter vers des pratiques durables.

Limitant ses déchets : éviter le plastique et les produits toxiques dans ses cosmétiques.

Respecter la vie marine : ne pas toucher, faire attention à où on met les pieds, à ce que l’on achète ou ramasse (même les coquillages sur la plage qui sont des habitats pour certaines espèces), privilégier les activités durables respectant les animaux marins et leur habitat.

Soutenant les organisations internationales qui luttent contres les forages, pratiques dévastatrices de pêche, ou de chasse (je pense notamment à Greenpeace et Sea Shepherd).

– Protéger ce qu’il reste, et se porter volontaire quand on peut pour préserver les espèces, nettoyer des plages ou restaurer du corail !

20150709-coral-003

Coral Reef restauration

J’ai découvert juste avant de partir pour la Colombie que l’un de mes collègues de nettoyage de plage avait créé un programme de restauration de corail. C’est fou comme même au bout de 8 mois sur une île je continue de découvrir des initiatives et des personnes engagées !

Du coup j’ai suivi la formation PADI sur deux jours, où l’on récupère des morceaux de corail dur cassés pour les planter dans du ciment et un mélange de type pâte à modeler sur une plateforme, avant de les replacer dans le récif lorsque cela a repoussé.

20150709-coral-002

Le côte positif est que cela fonctionne bien! La plateforme est un petit nid pour les poissons juvéniles, dont certains sont très territoriaux et viennent nous mordre alors qu’on tente de nettoyer le corail (c’est à dire leur enlever les algues pour les aider à repousser plus vite)! C’est que cela met du temps à pousser ces petites bêtes, au moins 6 mois, sachant que certains sont plus fragiles que d’autres.

Le côté négatif, c’est que je ne suis pas fan de la matière pâte à modeler, cela me parait assez chimique et dans l’eau on ne sait pas ce que ça donne. Et puis au rythme ou cela repousse, il faut s’accrocher pour continuer.

Mais je reste convaincue que chaque action porte ses fruits et à un intérêt, et en tout cas mon instructeur n’est pas du genre à baisser les bras. Depuis deux ans qu’il a débuté ce projet, il est juste fasciné par la repousse et teste de nouvelles techniques pour améliorer la restauration. De la volonté, de la confiance et de la patience, ça me donne toute l’énergie du monde pour continuer.

20150709-coral-004

▶ A lire aussi : Se mettre à l’éco-volontariat

***

Les procédés naturels prennent du temps à se développer, alors que celui de destruction se fait bien trop facilement…

Et toi, quelles sont tes pratiques durables pour les océans ?

Pinterest-Corail

Planet Addict

A 24 ans, j'ai plaqué mon CDI pour partir voyager. Un voyage qui m'a emmené plus loin que ce que je pensais : il m'a ouvert des portes pour suivre mes rêves, m'engager à adopter un mode de vie minimaliste et plus éthique, et élever ma conscience. Depuis 6 ans je partage mon cheminement et mes changements d'habitudes de vie avec vous, en espérant planter des graines !

Cet article a 4 commentaires

  1. Lili

    Wow, c’est génial qu’il existe ce genre de programme ! Bravo !!! Et merci pour cet article intéressant, comme tout !
    Plein de kiss kiss,
    Lili

  2. Laura

    Très intéressant de découvrir des initiatives qui protègent les joyaux de la nature. Merci !

  3. Lena

    Bonjour, je suis originaire de Polynésie française, je ne sais pas si cela pourrai aider mais l’on bouture les coraux.Et au lieu d’utiliser du ciment et de la pâte on utilise de la colle forte (non toxique) sous forme de gel (surtout pas liquide)…On colle le corail sur des plaques de calcaires, des morceaux de coraux morts ou encore sur des coque de bénitiers morts.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.