J’aime beaucoup découvrir des projets fous de voyageur.euses, des parcours insolites, des initiatives en faveur de l’écologie, des modes de transports doux. Thomas va bientôt partir pour un voyage en vélo et kayak à travers le Canada pendant tout l’été, pour comprendre les réalités écologiques et sensibiliser au passage. Je le remercie d’avoir pris le temps de répondre à mes questions et de nous faire découvrir ce périple : Open your wild.
Thomas, quel est ton projet de voyage écologique ?
Je vous présente Open Your Wild qui est un projet de voyage sportif éco-responsable à volonté de sensibilisation à la crise écologique et à la protection de l’environnement. Le projet gravitera autour de la préparation et de la réalisation de traversées, dont l’itinéraire sera guidé par une volonté de traverser des espaces naturels intacts et/ou en souffrance. L’objectif est de mettre en lumière certains problèmes environnementaux, tout en essayant de donner la parole à ceux qui tentent de lutter contre la crise écologique ou qui la subissent.
Ces aventures se feront en autonomie, au contact de la nature et en dehors des sentiers battus. Avec l’objectif d’avoir le plus faible impact environnemental possible, je ne me déplacerai que par le biais d’activités physiques et sportives, je privilégierai du matériel et des équipements responsables, durables et/ou d’occasion. J’accorderai la même attention aux manières de me déplacer, de consommer et de vivre tout au long de mes aventures.
Le tout sera partagé sur les réseaux sociaux via des publications, photos et vidéos régulières, avec un objectif final de réalisation de film documentaire.
Durant la phase actuelle de préparation de l’aventure, le projet se propose de véhiculer des alternatives, des outils et des conseils en faveur de la transition écologique, de suggérer des manières de vivre, de consommer et de se déplacer responsables et durables. Il invite à partager et à échanger des avis, conseils et expériences pour voir aboutir un projet de voyage éco-responsable le plus sincère et cohérent possible.
Le programme
La 1ère étape du projet, Canada Across Water, débutera le 3 Juillet au Canada, que je traverserai du Sud au Nord au travers de 3 700 km de vélo et kayak. Je me donne 2 mois et demi pour réaliser ce trajet, pour ne pas être surpris par l’hiver dans le Nord du pays.
Pour cette première aventure, j’ai décidé de suivre les eaux du glacier Athabasca, qui a perdu la moitié de son volume et s’est retiré de 1 500 mètres en l’espace d’un siècle à cause du réchauffement climatique, jusqu’à l’océan Arctique et le village de Tuktoyaktuk. D’abord à vélo sur 1 000 km le long de la rivière Athabasca, je côtoierai l’un des plus gros pipelines du Canada : le Trans Mountain, qui transporte le pétrole de l’Alberta à travers les Rocheuses jusqu’aux côtes de l’Océan Pacifique. Mon parcours à vélo m’amènera jusqu’à Fort McMurray, 3ème plus grande réserve de sable bitumineux au monde, exploitée pour son pétrole à ciel ouvert à quelques centaines de mètres de la rivière. Je poursuivrai ensuite en kayak sur les 2 700 derniers km, en empruntant la rivière Athabasca puis la rivière des Esclaves jusqu’au Grand Lac des Esclaves.
Après une halte à Hay River sur les bords du lac, où j’espère mettre en avant les actions et les initiatives écologiques et environnementales de la ville et des organismes locaux, je reprendrai ma descente sur la Mackenzie River. Où le pipeline Enbridge m’accompagnera sur une bonne partie de l’itinéraire, jusqu’à son point de départ : Norman Wells, colonie créée uniquement dans un but d’exploitation pétrolière, également à proximité directe de la rivière. Je terminerai mon voyage jusqu’à Inuvik, ville entièrement construite sur le pergélisol, lui aussi fortement touché par le réchauffement climatique. Je pousserais enfin jusqu’à Tuktoyaktuk et l’océan Arctique si le climat et la température me le permettent encore et si je n’ai pas pris trop de retard.
L’objectif de ce premier voyage est d’aller à la rencontre de la nature au fil de l’eau et de questionner ce qui peut la mettre en danger, mais aussi les gens qui y vivent et qui peuvent être confronté aux conséquences du réchauffement climatique. J’en profiterai pour faire la promotion d’un mode de vie et de voyage sportif, responsable et durable, autour d’une volonté de réaliser un film documentaire pour partager l’aventure.
Qu’est ce qui a impulsé cette manière d’entreprendre ton voyage ?
J’ai eu la chance de grandir avec des valeurs de respect et de préservation de l’environnement et de pouvoir voyager assez tôt. J’ai pu découvrir de magnifiques coins de notre planète, mais j’ai aussi pu voir à quel point elle pouvait parfois souffrir. Cela m’a permis de prendre conscience de beaucoup de choses, et d’en remettre d’autres en question, notamment ma manière de voyager.
Étant attiré depuis toujours par les défis physiques et étant profondément concerné par la santé de notre planète, j’ai donc tenté de faire évoluer ma manière de voyager : plus responsable, sportive et au contact de la nature. J’avais aussi cette volonté de m’engager plus personnellement dans un projet de sensibilisation qui me trottait dans la tête depuis quelques années.
Le projet Open Your Wild. est alors né.
Qu’est-ce que tu appréhendes le plus, ou quelles sont les difficultés que tu rencontres ?
J’appréhende forcément l’accident ou la blessure, mais je pense que ce que j’appréhende le plus, ce sont les rencontres avec les ours. Je suis en même temps très curieux et effrayé d’en rencontrer. Je me rassure en me disant que j’ai choisi une période où ils ne seront pas affamés et agressifs car ils auront de quoi manger.
De plus, sur l’itinéraire que j’emprunte ils seront habitués à la présence de l’homme et à le fuir. Enfin, j’aurais avec moi des moyens dissuasifs (bear spray) pour décourager tout ours un peu trop câlin.
J’ai rencontré quelques difficultés pour trouver mon kayak, ce n’était pas évident de trouver un kayak d’occasion à plus de 3000km de distance, mais j’ai finalement réussi grâce à la gentillesse et à la confiance d’un couple de Russes installés à Fort McMurray.
Je me suis également heurté à quelques réactions hostiles dans ma recherche de contacts sur l’itinéraire, notamment dans les villages vivant de l’exploitation pétrolière, où certains m’accusent d’être payé par des lobbyistes anti-pétrole et de vouloir détruire leur travail. Mais à part ça, je ne rencontre pas vraiment de difficultés majeures et j’ai hâte d’entamer l’aventure.
Comment aimerais-tu voir évoluer le secteur du tourisme ?
Je suis actuellement en train d’écrire un article sur l’impact du tourisme sur la faune et la flore pour un site écologique et j’aimerais donc voir évoluer le tourisme vers un tourisme plus durable et responsable.
Je suis du genre à fuir les lieux touristiques et à plutôt m’aventurer en dehors des sentiers battus. J’ai donc beaucoup de mal avec le tourisme de masse et je souhaiterais voir se développer davantage les tourismes alternatifs (écotourisme, tourisme durable, tourisme solidaire, tourisme responsable, etc..).
J’aspire à un mode de voyage plus clean et slow, où l’on prend le temps d’apprécier simplement le fait de se déplacer plus lentement, plus proprement, tout en faisant des rencontres sur le chemin. A la différence d’un tourisme de masse, où l’on consomme machinalement une destination en se marchant les uns sur les autres, avec un impact environnemental catastrophique.
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Et toi, que penses-tu du voyage insolite de Thomas ?