Masculinités, c’est quoi être un homme ?

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Parler des masculinités sur mon blog dédiés à l’écologie peut sembler un peu hors sujet. Et en fait, pas tellement. Déjà parce que l’écologie et le bien-être m’ont poussé à étudier la féminité. Et si je parle de féminité, il me semble logique de parler de masculinités, notamment de la vision patriarcale de la société. Celle-ci est souvent pointée du doigt d’ailleurs lorsque l’on parle de préserver la planète, donc finalement, on n’est pas si éloignés que ça…

Avant de me lancer, je précise que je suis une femme et que je ne prétends pas savoir ce que c’est que d’être un homme. Cet article est basé sur de nombreuses informations récoltées autour des études de masculinités. J’essaye de vous en exposer l’essentiel, et vous recommande des podcasts pour aller plus en profondeur sur ce sujet complexe.

C’est quoi les masculinités ?

Tout comme pour la féminité, la masculinité est un ensemble de rôles, attributs et comportements associés aux hommes (aux femmes pour la féminité). J’ai abordé la notion de féminité et des rôles associés dans ma revue du livre Sorcières, la puissance invaincue des femmes. Pour moi, étudier la féminité et le féminisme ne peut être décorrélé d’une étude sur la masculinité.

▶ A lire aussi : Sorcières, la puissance invaincue des femmes

Après tout, si on confine l’image des femmes dans un type de comportement, il en est de même pour les hommes.

C’est pourquoi, plutôt que de la masculinité, on parle des masculinités. Tout comme on devrait parler des féminités. Il existe en réalité plusieurs façons d’être un homme ou une femme, et j’ai envie de dire il existe différentes façon d’être tout court.

La masculinité hégémonique

Cette notion a été développée par la sociologue australienne Raewyn Connell. Elle désigne « la configuration des pratiques de genre visant à assurer la perpétuation du patriarcat et la domination des hommes sur les femmes ».

En somme, c’est la vision assez « classique » qu’on se fait d’un homme, à savoir quelqu’un de fort, viril, agile, dur, dominant, non émotif, et hétérosexuel. Dès lors que l’on a cette notion en tête, on comprend aussi la pression mise sur les hommes de remplir ce rôle, mais aussi l’intolérance face à ceux qui n’entrent pas dans ces codes, créant également des conflits d’identités.

La vision de la masculinité hégémonique, qui est considérée comme LA bonne masculinité, entraîne des propos qu’on peut qualifier de racistes, homophobes ainsi qu’anti-femmes.

Être trop « féminin »

En effet, si un homme sort de ces attributs, alors il peut-être moqué, marginalisé, féminisé, voire violenté, ou tout simplement se sentir « différent, anormal ».

Le terme féminisé est très intéressant parce qu’il montre que des qualités féminines chez un homme sont mal perçues. Elles peuvent être tournées en insultes, ou juste mal vécues, montrant encore une fois à quel point le féminin est une tare, une soumission. Par exemple « tu pleures comme une fille ».

D’ailleurs, si un homme présente trop d’attributs féminins il pourrait passer pour homo, ce que la plupart souhaite éviter à tout prix. En 2019, c’est encore mal perçu. Les termes « tapette », « pédale », « femmelette » ou « pédé » sont également utilisés pour insulter quiconque présente des attributs ou fait des activités considérés comme faibles, féminins.

Hommes-grecs

Source

 

La supériorité de l’homme blanc

De même, la masculinité hégémonique est globalement associée à l’homme blanc, en plus de hétérosexualité. Si vous êtes un homme, vous êtes déjà plutôt en haut de la pyramide de domination. Cependant, un homme noir est « trop » viril dans l’esprit des gens, un homme asiatique l’est beaucoup moins. Le plus haut, c’est le blanc.

C’est pourquoi on comprend que les seuls êtres qui ne sont jamais victimes de discriminations, ce sont les hommes blancs hétéros et virils. Comme si cette catégorie était supérieure à toutes les autres, parmi les 7 milliards de personnes sur la planète.

Attention, cela ne veut pas dire que les hommes blancs hétéros SONT racistes et homophobes. Cela veut juste dire qu’ils sont à la meilleure place dans la société, et qu’il peut être plus difficile pour eux de comprendre qu’ils sont les plus privilégiés, et par conséquent comprendre ce que c’est que de ne pas l’être.

Domination et violence

On parle souvent du fait que l’on est dans une société « patriarcale ». Cela veut dire qu’on vit dans une société à domination « masculine », avec ses attributs de supériorité par rapport aux femmes et aux attributs « féminins ». Cette domination est associée à la virilité, qui est vue comme une force. La force, qui glisse vers la violence, est donc utilisée pour affirmer une position.

De ce fait, on légitime la violence lorsqu’elle est faite par les hommes. Celle faite par des femmes est plutôt associée à de l’hystérie. Intéressant, non ?

On peut à présent établir un lien avec la violence envers les biens matériels, les gens, les animaux, la planète. La façon de s’imposer, de gouverner, dominer, conquérir, c’est par la puissance, la force. La douceur, c’est pour les fillettes. Puisqu’il est légitime d’affirmer sa place en dominant les autres, il n’est pas étonnant que la planète en pâtisse.

NB : Je ne dis pas que si la planète va mal, c’est la faute des hommes. Ici, je fais la part des choses entre notre construction sociétale et les individus. Nous baignons tout.e.s dans ces croyances.


Élever des garçons

L’éducation joue un grand rôle dans ces différentes masculinités. La société ayant déterminé ce qui était « acceptable » pour se définir comme fille ou comme garçon, on reproduit sans le savoir des croyances.

Cela commence dès le plus jeune âge, de part les jouets que l’on offre aux enfants, aux couleurs qu’on leur attribue, mais aussi au vocabulaire utilisé et à ce qu’on valorise.

N’offrir que du bleu, des voitures, des armes factices, céder plus facilement les caprices d’un garçon parce qu’ils sont plus légitimes que ceux des filles (les filles étant par « nature », des chieuses), valoriser leur force, ne pas leur offrir l’option d’activités créatives et dites « féminines », toutes ces petites choses contribuent à perpétuer ces schémas.


Comprendre les masculinités : deux podcasts à ne pas louper !

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Les couilles sur la table

Dans cet excellent podcast de Binge Audio, Victoire reçoit experts (philosophes, sociologues, scientifiques, historiens…), des femmes, des hommes, des transgenres, pour aborder le sujet en long, large et travers.

Un podcast vraiment riche, dont je vous recommande particulièrement pour commencer, les 10 épisodes suivants :

  • Il n’y a pas de crise de la masculinité : sur la notion de masculinité
  • Vikken, portrait d’un homme trans : sur une femme devenue homme et ce que cela a révélé sur la posture de l’homme
  • La « vraie » nature du mâle : sur la distinction entre la nature biologique mâle/femele et la construction socioculturelle de femme et homme
  • Sexe sans consentement, le rôle des hommes : sur ce que le consentement et comprendre ce que veut dire non
  • En regardant du porno : sur les dessous du porno et les images que cela renvoie
  • Ce que la soumission féminine fait aux hommes : une analyse du point de vue de la dominée
  • J’élève mon fils : sur comment élever un garçon hors des clichés de la masculinité hégémonique
  • Pénétrer : sur la sexualité et le plaisir, au delà de la pénétration
  • Les vrais hommes ne violent pas : sur la culture du viol
  • Après #metoo, ce que peuvent faire les hommes : sur les idées reçues après metoo et le rôle des hommes dans le féminisme

Ce podcast est un excellent moyen de (se) sensibiliser sur les masculinités. Chaque épisode propose des ouvrages pour aller plus loin. Libre à chacun.e d’explorer ! Aussi, un livre sortira à la rentrée, que vous pouvez précommander ici.

Ils se confient

Je vous recommande également le podcast Ils Se Confient, où Mélanie donne la parole aux hommes sur leur sexualité, leur parentalité, leur vision des femmes, des hommes, de manière totalement libre et décomplexée. Il est très intéressant pour voir la diversité des hommes et sortir d’un schéma basique de la masculinité hégémonique. Voici mon top 5 pour débuter :

  • Épisode 4 : sur la paternité
  • Épisode 8 : sur le féminisme
  • Épisode 11 : sur l’endométriose en couple et l’abstinence sexuelle
  • Épisode 15 : sur l’homosexualité dans les DOM TOM
  • Épisode 16 : sur l’orgasme prostatique (hétérosexuel) et la sensibilité

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Et pour toi, c’est quoi être un homme ?

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Planet Addict

A 24 ans, j'ai plaqué mon CDI pour partir voyager. Un voyage qui m'a emmené plus loin que ce que je pensais : il m'a ouvert des portes pour suivre mes rêves, m'engager à adopter un mode de vie minimaliste et plus éthique, et élever ma conscience. Depuis 6 ans je partage mon cheminement et mes changements d'habitudes de vie avec vous, en espérant planter des graines !

Cet article a 3 commentaires

  1. Irène

    Tellement passionnant ce podcast Les Couilles sur la table !

  2. Maélys

    Bonjour Emma !
    J’ai trouvé votre article très intéressant. Il montre vraiment notre société actuelle.
    Je n’ai que quatorze ans mais j’ai trouvé une justesse incroyable dans ce que vous écrivez. Comme quoi un homme est considéré homo seulement parce qu’il est « féminin » et inversement pour une fille trop « masculine ». Ou encore qu’un homme violent, c’est « normal » mais pour une femme ça passe mal. Ou bien (mais ça c’est un autre débat, vous ne l’avez pas dit) quand un homme est avec une femme plus jeune c’est normal aussi alors que quand une femme est avec un homme plus jeune, forcément, c’est une « cougar », un peu marginalisée et beaucoup moquée. On pourrait aussi dire que quand un homme se bat pour ses droits, c’est louable et juste mais quand une femme se bat pour des droits fondamentaux, c’est une extrémiste qui veut fonder un système matriarcal avec les hommes soumis. Et bé non, ce n’est pas vrai.
    Je discutais avec des amies et nous parlions des meilleures techniques de défenses si jamais on se faisait agresser. A ma connaissance, je n’ai jamais entendu des garçons parler de comment maitriser une personne malintentionnée. Mais bon, c’est un autre débat.
    Etant moi-même féministe, cela me révolte que la société case les gens, selon qu’iels soient hommes, femmes, hétéros, homos, blonds, noirs… Je ne comprends tout simplement pas. Ne peut-on pas juste vivre et être comme nous sommes?
    Alors je vous remercie pour votre article si juste et plein de vérité.
    Maélys

    1. Planet Addict

      Merci, Maélys pour ton retour et cette maturité ! A 14 ans, j’étais bien loin de m’intéresser à ces sujets. Je trouve ça impressionnant :)
      Tu as tout à fait raison concernant l’âge, j’en parle souvent avec mes amies. J’ai toujours trouvé étrange un couple où l’homme pourrait être le père de sa femme, surtout avec une trentaine d’années d’écart et quand la femme en question a la vingtaine. Et inversement, cela provoque le dégoût lorsque c’est l’inverse…
      Il m’a fallu un peu de temps pour intégrer que non seulement je subissais des préjugés sans m’en rendre compte, mais aussi que je les avais inconsciemment intégrés car je me limite sur certaines choses pour ces raisons.
      Bref, je pourrais continuer des heures !
      Si cela t’intéresse, je te recommande l’écoute des podcasts que j’ai mentionné, ils sont géniaux ! Il y a aussi un super documentaire sur Netflix qui s’appelle « The Mask you live in ».
      Encore merci d’avoir pris le temps de ce joli retour :)
      Emma

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