Et si on arrêtait d’être dans le déni ?

You are currently viewing Et si on arrêtait d’être dans le déni ?

Après l’avoir expérimenté moi-même, je ne pense pas trop m’avancer en statuant que nous vivons dans une sorte de déni collectif (et parfois individuel), sur les situations qui nous entourent. Ce déni, qui a pour objectif de nous protéger de ce qui peut être douloureux, nous empêche pourtant d’avancer durablement.

Positive attitude, la fausse bonne idée

2020 est vraiment une année étrange, et j’ai envie de dire que nous vivons à une époque bien étrange.

Je me sens d’une génération qui certes n’a pas connu la guerre, mais qui a son lot de défis : égalité homme-femme, changement climatique, terrorisme, crise sanitaire, virtualité et instantanéité des échanges…

▶ A lire aussi : Mon coup de gueule sur l’inaction climatique

Difficile de garder espoir et je n’échappe pas à la règle même si je fais de mon mieux pour rester positive. Pendant longtemps d’ailleurs j’ai focalisé sur cette positivité, qui m’a peut-être fait culpabiliser et renier un certain mal-être par rapport à tout ça.

Relativiser est fatiguant. Se concentrer sur ce qu’on a pour oublier ce qui ne va pas n’est pas forcément la bonne solution. Je ne dis pas qu’il ne faut pas le faire. C’est juste qu’il ne faut pas selon moi travailler que sur un bout de la problématique.

On est matraqué de citations et messages inspirants de développement personnel pour voir le verre à moitié plein, aller de l’avant. Et j’en ai lu des bouquins de développement personnel. J’en ai fait des séances de coaching. J’en ai suivi des séances de psy. C’est important de se tourner vers ça mais je crois qu’on le fait souvent pour noyer bien profond ce qu’on ne veut pas regarder en face.

Nous vivons dans le déni

Une sorte de déni généralisé. Je ne dis pas que c’est la faute au coaching, au développement personnel, ou aux thérapies. Au contraire, tout ça est important et utile quand c’est fait dans une démarche humble où on ne met pas le voile sur ce qui cloche. Mais je crois qu’on s’en sert maladroitement, dans notre habitude de consommateur.ice à la recherche de ce qui soulagera un sentiment profond d’inadéquation.

Je crois que la thérapie est ce qui m’a le plus ouvert les yeux là-dessus. En coaching, on va focaliser sur un objectif précis pour avancer dessus. De plus en plus, le coaching (et les « thérapies alternatives ») empiète sur le terrain de la thérapie parce que force est de constater qu’en dessous de toutes nos peurs, nos croyances, nos insécurités, se cachent des schémas inconscients et des mécanismes neuronaux bien complexes et non maîtrisables.

Je le dis en connaissance de cause, car moi-même praticienne de shiatsu, je touche au psychosomatique que je le veuille ou non et je suis dans un travail d’écoute et d’accompagnement. Parce que je suis passionnée et aussi parce que c’est important dans mon travail, je me retrouve à lire des ouvrages ou consommer des contenus autant sur la mécanique quantique, la psychologie, la neurologie, la sociologie, la spiritualité. Parce qu’on est des êtres entiers et complexes, tout est interconnecté.

Avoir le courage de voir ce qu’on a enfoui

Mais disons que le travail thérapeutique a eu ce truc en plus de me mettre en face de choses que je ne voulais pas affronter. La thérapie n’est pas une partie de plaisir, en tout cas pas pour moi. C’est très inconfortable, on remue la merde, et j’ai voulu arrêter plusieurs fois.

Si je vous parle de tout ça ce n’est pas pour vous raconter ma vie mais pour vous faire part de cette notion de déni. La première étape du fameux processus de deuil qui prend des formes qui peuvent nous échapper.

Je ne pensais sincèrement pas être dans le déni. C’est une naturopathe qui lors d’un massage a fait émerger ce mot (quand je vous dis que toute démarche de bien-être peut faire ressortir des choses plus profondes. ^^).

Il m’a perturbé dans mes entrailles, la preuve que quelque chose ne tournait pas rond. Ce n’est que des mois plus tard, avec le recul que j’ai réalisé que peut-être que oui, derrière mon envie de positiver, relativiser, réciter des mantras, vivre le moment présent, se cachait un refus de voir certaines choses.

Sortir du déni

Est-ce que tout le monde doit passer par une thérapie pour régler ça ? Non ! Chacun.e est différent.e, réagit et intègre différemment. C’est pour ça que j’écris cet article, parce que c’est quand cette femme m’a parlé de déni qu’a commencé un processus de compréhension au fond de moi. Peut-être que ces quelques lignes vous feront réfléchir aussi.

Et moi… et bien je suis une control freak avec plein de nœuds à défaire qui font que sans faire exprès car inconsciemment, je m’appuie sur ce que je vois et apprend dans l’envie de reprendre le contrôle sur moi-même, et parfois le monde qui m’entoure.

On dit souvent qu’on ne contrôle pas les autres mais on peut se contrôler soi-même. Je ne suis pas (plus ?) sûre que ce soit vrai. Même sur soi, il y a tant de choses qu’on ne maîtrise pas.

▶ A lire aussi : Comment sortir de l’éco-anxiété ?

Dernièrement, j’ai lu un superbe livre « on ne sauvera pas le monde avec des pailles en bambou », écrit par Anaëlle du blog La Révolution des Tortues. Je ne la connais pas personnellement mais je l’ai croisée à plusieurs reprises sur la toile lorsque j’écrivais des articles. Son livre met bien le doigt sur cette notion de déni, point de départ pour avancer plus léger.e.

Le déni altère notre jugement

On reste dans l’idée qu’on trouvera une solution miracle, pour garder notre mode de vie actuel. A coup de petites touches écolos, de technologie, de politiques de croissance ou de sécurité alambiquée. Ça, c’est du déni.

Ça va plus loin que d’avoir des œillères.

Il va falloir qu’on repense sérieusement notre façon de vivre et ce n’est PAS, je le répète, synonyme de manque et de privation. On pense qu’on est bien dans ce confort, mais l’est-on vraiment ? Là aussi, il doit y avoir une bonne couche de déni. Non, ce qui fait peur c’est de changer, d’essayer de choses nouvelles. Cette peur, elle nous pourrit la vie.

Il n’y a qu’en faisant preuve de lucidité qu’on pourra avancer. C’est plus ou moins facile selon les gens, et ce n’est pas une étape confortable pour tout le monde. Mais il est temps de passer aux étapes suivantes du deuil.

Je ne comprenais pas pourquoi je tournais en rond sur certains sujets, en basculant entre tristesse et colère indéfiniment sans passer outre. Je pense que c’est parce que je n’avais pas tout à fait passé le déni.

Sortir du déni ne veut pas dire qu’on perd espoir et qu’on lâche tout. C’est une fausse idée. Au contraire, c’est ouvrir les yeux sur la réalité des choses et permettre de construire sur une base plus saine et plus durable.

Et toi, as-tu déjà rencontré le déni ?

Pin-deni

Planet Addict

A 24 ans, j'ai plaqué mon CDI pour partir voyager. Un voyage qui m'a emmené plus loin que ce que je pensais : il m'a ouvert des portes pour suivre mes rêves, m'engager à adopter un mode de vie minimaliste et plus éthique, et élever ma conscience. Depuis 6 ans je partage mon cheminement et mes changements d'habitudes de vie avec vous, en espérant planter des graines !

Cet article a 2 commentaires

  1. DE GAETANO

    Bonsoir, Ce que vous écrivez est intéressant et mériterait des échanges plus longs, mais le format ne le permet pas. En (presque) bref, je dirais – ce n’est qu’un avis, mon avis ici et aujourd’hui – que la plupart d’entre nous vivent dans le déni, dans l’ignorance par inconscience ou indifférence. D’autant que la réalité est voilée et que la chercher demande des efforts pour une prise de conscience. C’est souvent à l’occasion d’une rupture, d’un événement fort que nous nous mettons à aller plus loin. Et il nous est difficile de sortir sans effort de cet aveuglement, de cet enfermement tant nous sommes conditionné.e.s par les autres, par notre environnement et par nous-même,. On dit que, même si on retirait la cage, l’oiseau continuerait à rester enfermé. C’est la même chose pour nous. Nous sommes prisonniers de nous-même. Pour le reste, je suis convaincu que, plutôt que d’exercer un contrôle sur nous, il est préférable d’accepter ce qui se passe. Cela ne signifie pas qu’on doive se résigner ou ne pas agir. La clé est de réussir à se connaitre, à s’accepter entièrement. Le chemin n’est pas aisé, ni sans souffrance,, mais ménager un espace entre la Conscience et l’ego libère de l’espace en nous. Thierry Janssen, auteur, ancien chirurgien, psychothérapeute, l’explique très bien. Si cela vous intéresse, vous pourrez trouver des vidéos sur You Tube. Bonne soirée.

    1. Merci pour votre commentaire Jean-Michel. Je partage !
      Je crois qu’inconscience et déni sont deux choses différentes. Lorsqu’on a conscience on peut tout de même rester dans le déni. Je pensais qu’être « éclairée » suffisait, mais j’avais une couche de déni qui me poussait à voir les choses du bon côté comme si tout allait s’arranger. Ou bien à sombrer dans le négatif, impuissante et souhaitant retourner dans l’inconscience. On dit que l’acceptation vient après le déni, la tristesse et la colère. Mais je crois qu’il y a une dose d’acceptation dès lors qu’on reconnaît être dans le déni. Et la frontière est mince entre l’interprétation de « se contrôler » et de « s’accepter ». Car souvent, comme vous le dites si bien, on confond acceptation avec résignation. Je pense qu’il faut vraiment le vivre pour comprendre cette subtilité. Moi ça m’a pris du temps !

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.