En plein milieu de mon voyage à travers le Canada, pourquoi diable vous parler de loups ? Tout simplement parce qu’en nous dirigeant vers les rocheuses, je suis allée visiter un centre de protection des loups gris, recommandé par une amie à moi. Tant que je peux en apprendre plus sur les espèces menacées, sur la condition de la planète mais aussi sur les moyens à mettre en œuvre pour améliorer tout ça, je suis toujours preneuse !
Près de Golden, une petite ville à la porte des rocheuses du côté de la Colombie Britannique, se trouve le petit Nothern Lights Wildlife Wolf Center. C’est un centre d’éducation dédié à la conservation des loups qui possède une meute de 9 loups gris, tous nés en captivité et récupérés depuis d’autres centres ou zoo des alentours.
Ils ne seront jamais remis en liberté car ils sont trop habitués aux humains et seraient incapables de survivre seuls dans la nature. Dans ce centre, ils sont élevés, nourris et ont accès à de grands espaces pour se dégourdir les pattes. Ils sont aussi devenu un moyen de porter un message sur leur condition. Une discussion menée par l’un des membres du centre a été l’occasion idéale d’en apprendre plus à ce sujet.
L’importance d’être en haut de la chaîne alimentaire
La population mondiale des loups est estimée à 400 000 individus, et le Canada en possède environ 40 000, soit 10% (oui j’ai toujours été bonne en maths ;) ).
L’importance particulière du loup est qu’il se situe en haut de la chaîne alimentaire, et en tant que tel il maintient en équilibre la population de ses proies (herbivores et majoritairement de la famille des ongulés, comme les cerfs), ce qui influence grandement les espèces animales et végétales de l’écosystème.
Lorsque l’on prélève les loups d’un écosystème, la population de ses proies se développe et dévore tout sur son passage: arbres, herbes et plantes. Cela pousse d’autres espèces comme les castors, les oiseaux, ou les poissons à quitter la région ou pire, à mourir de faim.
C’est ce qui s’est passé dans les années 20, lorsque les loups gris ont été exterminés du parc national de Yellowstone aux États Unis pour permettre à la population de cerfs et d’élans de s’agrandir. Dès 1950, on constate que le parc est en train de mourir: les castors et les poissons disparaissent, les arbres meurent, l’herbe se fait rare, bien que les populations des grands herbivores s’agrandissent, mais se trouvent en mauvaise santé faute de trouver de quoi se nourrir.
En 1995, on décide de réintroduire le loup dans le parc, et l’effet est flagrant : les arbres repoussent, le castor est revenu et les troupeaux deviennent plus petits.
Au Canada, on tend à reproduire les mêmes erreurs, notamment dans le parc national de Banff qui commence à éprouver les mêmes symptômes. Le loup gris n’est pas une espèce protégée au Canada. Au contraire, il est chassé et peut même être battu, traqué (par hélicoptère) ou empoisonné, et ce toute, l’année. Chaque loup tué rapporte de l’argent (environ 300$) à son chasseur.
Effacer une image fausse
Les loups ont une réputation qu’ils ne méritent pas. On en a souvent peur (qui n’a pas lu Le petit chaperon rouge ou les 3 petits cochons ?) et on les considère comme une menace pour nos sources de nourriture, par exemple en attaquant nos troupeaux de bétail. Or, d’après le centre, les loups s’attaquent principalement aux animaux malades, jeunes ou blessés, n’étant pas les bons chasseurs que l’on croît. De plus, il n’existerait aucune archive indiquant des attaques de loups sauvages et en bonne santé sur un humain, et moins de 1% des décès de bétails en Amérique du Nord seraient provoqués par des loups.
Le Grand Méchant Loup version Shrek
Le centre s’efforce d’enseigner au gens l’importance du loup pour la santé des forêts et d’éveiller la conscience publique à ce problème.
Nothern Lights Wildlife Wolf Center
1745 Short Road
Golden, BC V0A 1H1
Entrée : CA$10
Situations similaires
Je ne peux pas m’empêcher de faire le rapprochement avec la situation des requins, en haut de la chaîne alimentaire aquatique. On cultive une image de peur de cette espèce depuis Les dents de la mer, alors que le requin n’est pas un prédateur de l’homme.
Alors certes, il existe des attaques sur les humains et certaines espèces de requins sont plus dangereuses que d’autres. Mais les attaques se font dans des circonstances particulières, comme une présence accrue d’humains dans certains endroits (notamment due à l’activité de surf), au fait qu’on les nourrisse pour satisfaire l’industrie du tourisme ce qui modifie leurs comportements et peut les rendre plus agressifs, mais aussi à la surpêche qui limite leur stock de nourriture et les pousse à se rapprocher des côtes.
Je suis parfaitement consciente qu’une attaque est terrible et tragique, mais je suis révoltée par les moyens que l’on met en œuvre pour les limiter, c’est à dire l’extermination (qui d’ailleurs ne résout par le problème). Sans requins, c’est tout l’écosystème marin qui s’effondre. Et en plus de limiter nos propres ressources en nourriture, ce serait un désastre pour l’équilibre de la planète.
▶ A lire aussi : Se mettre à l’éco-volontariat ◀
***
Il est temps de combattre les idées reçues pour aller de l’avant.
Soyons plus respectueux de ces grandes espèces phares de nos écosystèmes !
Encore un article très intéressant qui combat les idées reçues !! bravo !
Merci ma belle! :)
Superbe article, et très intéressant.
Par ailleurs, je viens de terminer la lecture du « Cercle des Loups » de Nicholas Evans, et qui traite justement de la réintroduction du loup dans le Montana. Bien que romancé, les problématiques et les enjeux sont bien réels. On y découvre notamment comment les loups furent exterminés, et les méthodes employées sont plus que barbares…. Je suis bien d’accord avec la légende de la photo « le plongeur et le requin » (ça ferait une belle fable de La Fontaine ça !)
Merci, il a l’air intéressant ce livre! C’est dingue le chemin qu’on doit faire pour comprendre que la nature est faite ainsi pour une raison. On défait pour refaire!