Je n’avais pas imaginé vivre ça un jour, le confinement. Après une semaine, voici un petit récap’ de mes pensées et de ma façon de mettre ce temps à bon escient. Des hauts et des bas, des questionnements, de l’adaptation…
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Apprivoiser le confinement
Cette première semaine est finalement passée assez vite pour moi. Étant donné que je ne travaille pas en ce moment, cela change peu de choses à mon quotidien, si ce n’est bien sûr la capacité de sortir de chez moi.
J’ai tout de même l’habitude des phases de transition pour en avoir eu plusieurs dans ma vie, l’habitude du télé travail, l’habitude de changer de direction et de prendre des temps de repli. D’autant plus que depuis plusieurs mois, j’ai pris soin de renouer avec les choses qui me font du bien, ai fait ma propre expérience de confinement choisie, appris à apprécier le temps d’avoir le temps et de ne pas non plus le remplir pour simplement me distraire, et sais quand je dois prendre du recul par rapport aux infos pour éviter de générer plus d’angoisse.
Seulement là, il ne s’agit pas seulement d’un choix de vie personnel. L’annonce d’un confinement total généralisé à plusieurs pays, ça place dans un contexte très particulier. Ne pas pouvoir sortir, sociabiliser en vrai, faire des activités à plusieurs, prendre les gens dans mes bras, ça calme. Nous sommes des êtres sociaux, et qui plus est, moi je développe des compétences dans le toucher, donc c’est le comble.
Donc même si je sais m’adapter et prendre du recul, j’ai navigué entre pas mal d’émotions cette semaine.
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Le méli-mélo de mon ressenti
Angoissée
Parce que c’est un moment historique, mondial et très troublant. Parce que des gens meurent et que le climat de confinement, c’est très particulier. Parce que les infos, aussi, répètent sans cesse les mêmes choses, même si j’évite de trop en consommer. Et que bien sûr, je m’inquiète pour les gens que j’aime.
Cela m’atteint aussi parce que le climat d’anxiété généralisé créent à mon sens une vibration très forte d’angoisse, à laquelle je suis sensible.
Perturbée
Parce qu’ici, faire sa part c’est NE RIEN FAIRE. Lorsqu’on se sent impuissant.e on a naturellement envie d’agir, d’aider, de contribuer – en tout cas c’est le cas pour moi. Et là, la meilleure façon d’aider c’est de rester chez soi. C’est perturbant pour moi de savoir une partie de la population au front et qui travaille sans relâche, et que nous on a juste à se tenir tranquille et que même ça, c’est inconcevable pour certaines personnes.
Paisible
Parce que j’ai la chance de vivre le confinement à la campagne, avec une partie de ma famille, que je ne suis pas dans une situation à risque et que je n’ai pas d’obligations familiales. Je mesure ce privilège.
Aussi, je me sens moins seule dans ma démarche de ralentissement. Ça peut paraitre idiot, mais ce n’est pas évident de rester sur un rythme plus sain pour soi quand le monde autour vit à 100 à l’heure. J’y trouve une sorte d’apaisement dans l’instant.
Connectée
Je trouve ça fascinant de vivre un moment partagé avec plus d’un milliards de personnes, dans le monde entier. Personnellement, cela m’invite à me sentir reliée. D’autant plus que je commence mes journées avec une séance bien-être en visio conférence avec ma team shiatsu et je les termine avec un moment connectée à plus de 500 personnes en ligne pour nous concentrer sur une tâche par jour, où j’ai choisi de m’offrir une session de pratique de piano et guitare.
Tout en limitant mes connexions, ce serait dommage de polluer davantage quand la planète est en train de se dépolluer.
Et après ?
Toujours vouloir anticiper
Cette question me suivra à vie. C’est cette question qui m’a poussé à partir voyager il y a 10 ans, qui me taraude aujourd’hui dans ma phase de transition et qui s’accentue avec le climat actuel.
Pour avoir pas mal lu et écouté au sujet du fonctionnement du cerveau ces derniers temps, j’ai compris qu’il est sans cesse en train de gérer la peur et d’anticiper le futur. Les situations de danger et d’inconnu sont pour lui du pain béni pour tourner en boucle. Alors imaginez des milliards de cerveaux qui se branchent sur la fréquence « peur du coronavirus, combien de temps ça va durer, peur de la crise économique » ! (C’est ce que je voulais dire par la vibe généralisée d’angoisse).
Je ne dis pas que ces peurs ne sont pas justifiées. C’est normal de vouloir savoir ce qu’il va se passer et de craindre pour sa vie ou celle de son entourage. Simplement, le futur est par définition inconnu. Par cela j’entends qu’on ne sait jamais de quoi demain sera fait, et que l’on est sans cesse en train d’anticiper le futur ou de ruminer le passé, en oubliant complètement le présent.
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Sachant qu’au final, le coup qui fait le plus mal est celui qu’on anticipe. Ce sont les pensées catastrophe qui nous mettent mal dans un présent qui peut très bien aller.
Si vous connaissez la série How I met you Mother, rappelez-vous du Slap Bet (pour la touche d’humour).
C’est pour ça que je relativise. C’est très important de prendre conscience de ce qu’il se passe, de ne pas être dans le déni et de faire sa part, ici en restant chez soi et respectant les règles de confinement. Au delà de ça, angoisser pour ce qui n’existe pas encore est une perte d’énergie (certes difficile à dompter).
Se relier au présent
Aujourd’hui, on est dans une situation qui nous oblige à nous concentrer sur le présent et à ralentir nos rythmes. Et ça, nos cerveaux ne sont plus habitués du tout. C’est très inconfortable. Je pense que c’est normal de ne pas savoir comment gérer. Peur de manquer, privation de liberté, peur de s’ennuyer, peur de péter un plomb… Il y a un temps d’adaptation.
Moi qui auparavant était hyperactive, toujours over-bookée, ça m’a pris des mois pour réapprendre à utiliser mon temps et mon énergie à bon escient. Et c’est encore un challenge !
C’est pourtant un cadeau. Un présent. On court sans cesse après le temps, on se plaint de ne pas en avoir assez et là on à une occasion en or. On peut prendre ce temps et en le faisant on sauve des vies !
On peut voir ça comme une opportunité et au delà, voir à quoi ça nous met face. Qu’est-ce que cela nous permet de faire ?
Une touche d’ironie
C’est pour ça qu’en même temps, ça me fait un peu sourire parce que c’est comme si c’était un appel universel à s’arrêter. Un genre de burn-out de la planète qui nous oblige à lever le pied, en tout cas pour les personnes confinées, et qui pendant ce temps prend des vacances de l’espèce humaine et peut de nouveau respirer.
D’ailleurs, je trouve ça assez ironique qu’une maladie respiratoire nous permette d’avoir un air plus respirable. C’est aussi ironique que cela nous pousse à avoir envie de nature, d’espace, de renforcer nos liens avec les gens. Il y a un vrai message dans tout ça, si on veut bien l’écouter.
Donc profitons-en pour faire des choses qu’on ne s’autorise jamais à faire, pour faire le point sur nos priorités, pour valoriser ce qu’on prend trop souvent pour acquis, pour noter tout ce qui nous manque vraiment et qu’on fera « après ».
Les activités de mon confinement – Semaine 1
Voici en vrac les activités pratiquées cette première semaine de confinement, entre boulot, mouvement, paperasse et activités créatives, ludiques et inspirantes.
Activités créatives et ludiques : jouer de la guitare et me remettre au piano, faire du coloriage dans les moments de stress, faire des jeux, sortir un puzzle, jardiner. La semaine prochaine je vais me mettre au tricot et la broderie je pense.
Activités inspirantes : écouter des podcasts (voir ci-dessous ma suggestion de podcasts), écriture, méditation, lectures, One Great Hour (gratuit).
Boulot et paperasse : reprendre le blog, réviser mes cours de shiatsu, donner une réflexologie plantaire, trier mon ordi, gérer mes mails.
Mouvement : marche autour de chez moi, séances matinales de yoga / stretching / Tai Chi, danser au son de musiques latines, auto-reiki.
En écrivant cet article, je réalise que c’est beaucoup ! Si je choisis des activités dont j’ai vraiment envie, on ne peut pas dire que je ne sois plus hyperactive. Mon réflexe face au temps, c’est encore « comment je vais l’occuper ». Faire plutôt qu’être. Et je pense que la semaine qui vient j’en ferais moins. Comme avec le voyage, il y a la phase boulimie, puis la phase détente et appréciation de ce qui est.
Et aussi, j’ai conscience du luxe que j’ai de pouvoir faire ces choses là avec mon temps. Tout le monde n’est pas dans les mêmes circonstances. Mais ça, c’est mon histoire. Je la partage simplement pour donner des idées et rester positive.
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Et pour toi, comment se passe le confinement ?
Merci pour cet article !
Je trouve que c’est hyper important de partager des choses positives. Je pense que beaucoup de gens ne se rendent pas compte que cela ne veut pas dire « nier ce qui ne va pas ». Or, de mon expérience, je n’ai jamais été plus anxieuse qu’à l’époque où je bossais dans un collège où tout le monde ne partageait que les nouvelles négatives, qu’elles soient personnelles ou plus générales. Moi aussi, j’en avais, des coups durs et des traumatismes… Mais depuis que je fréquente un autre genre de personnes, ça va beaucoup mieux. Je sais quand ils souffrent et ce qu’ils traversent, mais nous nous épaulons et ne nous répandons pas en propos négatifs. C’est une nuance vraiment pas facile à trouver, de mon point de vue, mais c’est tellement plus agréable de commencer la journée avec une personne qui dit « chouette, il fait beau » plutôt qu’avec une qui dit « t’as vu les news ? On va tous mourir » :)
Coucou. Je lis cet article à retardement et j’ai hâte de lire les suivants pour voir l’évolution de ton état d’esprit. J’imagine que ces articles auront quelque chose d’un peu historique, comme un témoignage d’un moment clé. Mon anxiété a duré quelques jours et s’est très vite apaisée, en journée tout du moins, parce que mes nuits sont redevenues agitées et insomniaques. Sans doute ressens-je plus cette énergie négative la nuit, quand je baisse la garde? J’ai évidemment connu cette période de faire, de vouloir tout faire, ranger, trier, travailler, écouter, mais c’est vraiment lors de la troisième semaine que j’ai accepté un vrai ralentissement et que la question de la « productivité » n’en était plus-une. Et c’est seulement en acceptant chaque jour pour ce qu’il est, productif ou pas, chaque nuit, insomniaque ou pas, chaque moment, inutile ou non, que j’ai l’impression de m’être vraiment détendue et surtout, que j’ai entrouvert la porte de la créativité. J’ai hâte de voir ce que les semaines à venir amèneront.
Merci pour ton partage Lucie et ravie de suivre aussi l’évolution de ton état d’esprit dans le temps !