Les petits secrets du voyage #5
Je suis accro aux voyages, piquée par le virus du voyageur, le travel bug comme ils disent. Il est vrai que dans mon cas, il s’agit de boulimie aiguë. Quand j’arrive dans un nouveau pays, je ne peux m’empêcher de regarder toutes les choses que je pourrai avoir envie d’y faire, je me laisse envahir par toutes ces découvertes à faire, parfois à y perdre un peu la tête. Mais je me soigne ;)
Le voyage est une drogue
Le voyage, j’ai eu la chance de le découvrir jeune, grâce à mes parents qui m’ont emmenée en Egypte et en Afrique du Sud, on peut dire que j’ai commencé fort. Dès que j’ai gagné mes premiers sous, je me suis mise à la conquête des capitales européennes, une façon pour moi d’échapper à ma routine et de m’émerveiller. Mais lorsque je suis partie faire mon « mi »-tour du monde, j’ai comme eu ce sentiment d’être entrée dans un nouveau monde, un monde où tout est possible, où tu profites vraiment de la vie et où la routine n’existe plus. Un monde où tu ne vis pas de grand chose, où tu fais des activités que tu n’aurais jamais faites, où tu te dépasses et où tu rencontres des gens géniaux.
Mais surtout, cela m’a donné un sacré recul sur les problèmes du quotidien, les angoisses, les caprices, les plaintes et mon estime de moi-même. Je quittais la « réalité du compliqué », où tout le monde se plaint d’une situation sans chercher de solutions et se trouvent des excuses pour ne jamais accomplir leurs rêves (ça m’arrive aussi je vous rassure, mais je n’aime pas ça!), pour « la réalité des possibles ».
J’avais l’impression de voir la vie que j’avais quittée, cette « dure réalité » à travers un hublot, vue du ciel. J’ai pris de la hauteur. Je planais. Alors, comment ne pas devenir accro ?
Great Ocean Road – Australie
Les cycles du voyageur
Après quelques mois, j’ai commencé à réaliser que mes envies changeaient au fur et à mesure.
Les premiers temps, c’était la folie ! Plus on avançait dans l’aventure, plus j’aimais ça et plus j’en voulais: en prendre plein les yeux, rencontrer toujours plus de voyageurs, prendre ma dose de voyage, encore et encore. On vit dans l’extase, et on en redemande. En discutant avec les autres backpackers, on entend parler d’autres endroits, d’autres pays et quelques chose d’assez dingue se passe. La petite liste de pays que l’on avait faite en partant ne se réduit pas au fil des semaines et des mois. Elle s’allonge ! Il y a tellement de choses à voir et à faire !! On a toute une vie, mais d’un coup, elle paraît bien trop courte pour arriver à bout de tout ce qu’on veut faire !
Et donc forcément, on fait un petit burn out. On est prit dans le tourbillon du voyage et à un moment, il faut mettre sur « pause ». Parce que là, on commence à fatiguer d’un rythme soutenu où on change d’endroit tous les 2 à 3 jours, et qu’on commence à être frustré d’aller si vite et de ne pas plus profiter de là où on est. La première fois que cela m’est arrivée, c’était après 1 mois et demi de voyage, en arrivant sur l’île de Koh Tao où j’ai appris à plonger. On s’y sentait tellement bien que nous sommes restés 3 semaines au lieu de quelques jours. Quitte à devoir écourter des choses plus tard. Ce qui compte, c’est l’instant présent. Si on se sent bien quelque part, pourquoi précipiter le départ ?
De cette pause est née l’envie de sortir des sentiers battus. Ne pas toujours aller là où tout le monde va, ne pas toujours chercher à rencontrer des voyageurs que l’on ne reverra jamais, se rapprocher de la population locale et vivre des expériences différentes. Commencer la véritable aventure, se lancer. C’est comme ça qu’on s’est retrouvé dans les hauteurs du Cambodge, dans un endroit magnifique appelé Mondolkiri (oups je ne devrais pas vous en parler !).
Petit havre de paix au Cambodge
Mais voilà, après un temps on rechute, l’envie de bouger nous rattrape ! On a de nouveau soif de nouveauté. Et ainsi de suite. En fait, il n’y a pas de règle, on fait le tour des cycles et puis on finit par trouver ce qui nous correspond le plus.
C’est grave docteur ?
Je ne vous cache pas que je me suis posée la question: est-ce que ça va toujours être comme ça ? Envie de bouger, de changer, de découvrir ? Est-ce que je me suis perdue en route, incapable de me poser quelque part pour y construire ma vie ?
Et bien en fait, je crois juste que je me suis découverte. Pas encore trouvée certes, mais découverte une soif d’apprentissage et de dépassement de soi. Et plus j’avance, plus je me m’apaise. Je ressens toujours le besoin de voyager, mais moins celui de précipiter les choses et de tout faire.
Au contraire, je sens le besoin de ralentir, de voyager différemment. Ne plus courir, se rendre utile, apprendre, échanger. Je ne veux pas que mes voyages deviennent des « check list « , car je ne verrai jamais tout et ce n’est pas grave. Je ne veux pas courir après le temps mais prendre le temps d’apprécier le présent, où qu’il soit. Ne pas vouloir tout contrôler, se laisser surprendre, ne plus se sentir frustrée.
Et puis j’ai pris conscience que j’aime être proche de ma famille et mes amis. Autant j’adore les nouvelles rencontres, autant j’ai réalise l’importance et mon besoin d’être entourée de ceux que j’aime. Et vivre dans ses sacs, parfois on sature! Un petit nid douillet (sans tomber dans le consumérisme hein), c’est bien tentant!
Donc même si j’adore voyager, je n’y consacrerais pas tout mon temps, car c’est important de rentrer chez soi près des siens aussi ;).
Mon rêve ? Voyager 2 à 3 mois par an en « slow travel » et consacrer le reste à un travail qui me passionne et qui fait avancer le monde. :D
▶ A lire aussi : Le voyage Slow ◀
Kuching, Bornéo – Malaisie
***
« Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. » Marcel Proust
Et toi, la boulimie du voyage, tu connais ?
J’aime voyager car comme tu le décris, c’est un véritable enrichissement sur de nombreux plans: c’est pour moi la meilleure manière d’apprendre à connaître notre monde, ses trésors naturels, ses richesses culturelles et sociales et c’est aussi un contexte qui nous permet d’apprendre des choses sur soi que l’on ne pourrait découvrir autrement qu’en dehors de notre zone de confort… J’ai beaucoup voyagé aussi, mais certainement pas autant ni aussi longtemps que toi. J’ai horreur de la routine… mais en même temps, plus le temps passe, plus je réalise que même si j’ai horreur que mes journées se ressemblent, j’ai besoin d’un minimum de routine autant pour mon équilibre physique qu’émotionnel… Ainsi, jusque-là j’ai eu la chance d’exercer un travail faisant qu’aucune journée ne se ressemblait, mais me permettant à côté de ça d’avoir une routine au niveau du sommeil, des repas, du sport etc. Ainsi, j’y trouve mon équilibre. Du coup, quand je voyage, je préfère me poser dans un seul endroit pendant longtemps, non seulement pour pouvoir prendre le temps de m’en imprégner, de trouver mes repères, mais aussi pour avoir suffisamment de temps de trouver ma petite routine. Alors je voyage de moins en moins souvent, mais je tâche de faire de plus longs voyages… et entre chacun d’entre eux, j’apprécie d’être posée dans un seul et même endroit, dans mon chez moi, parmi mes proches. Car même si j’adore faire de nouvelles rencontres, cela demande une sacrée énergie à chaque fois de tisser de nouveaux liens et mêmes si les courtes rencontres peuvent être des plus intenses et enrichissantes, je trouve ça de plus en plus dur et frustrant de m’attacher à des personnes avec qui la relation ne sera qu’éphémère… on aimerait pouvoir garder contact, les revoir, mais c’est finalement rarement le cas. Après, il faut savoir profiter de l’instant présent! Merci pour ce belle article qui m’a fait beaucoup réfléchir sur mes voyages passés et mes envies futures :-)
Merci Natasha!
C’est très juste ce que tu dis. Justement, avant les voyages étaient du plein les yeux, mais aujourd’hui, je veux prendre plus de temps pour profiter des lieux et des gens. Je n’ai plus forcément envie de rencontres éphémères non plus…
Et puis en ce moment même, je suis en plein questionnement sur la durée de ce voyage, et les choses que je veux y accomplir. Profiter du moment présent! ;)
Finalement, a-t-on vraiment envie de soigner cette maladie ? Elle n’est dangereuse que pour le porte-monnaie… :-)
C’est une très bonne question Olivia! Je ne suis pas certaine qu’il y ait de remède;)
Bravo pour ton superbe article!
Je pense que tu as un véritable talent d’ecriture et réussi à transcrire à travers les mots ce que beaucoup de voyageurs doivent ressentir (c’est mon cas…)
Ton blog est un véritable bonheur! Continue ainsi…Même si je reste encore à convaincre sur de nombreux aspect de l’eco-consommation et Green attitude, je prend grand plaisir à te lire!
Yannick
Merci beaucoup Yannick, ça me touche beaucoup! C’est pas évident de mettre des mots sur tout ce qu’on peut ressentir donc je suis contente d’avoir réussi à faire passer mes émotions!
Merci pour tes encouragements!
Magnifique article!
Je ne suis partie que 2 mois mais comme je l’ai expliqué sur mon blog, ça a été le véritable déclic: je veux voyager! J’ai adoré partir deux mois en Slow Travel comme tu l’as si bien nommé. Mais voilà j’ai l’impression forte que mon futur travail ne me le permettra pas forcément, enfin on verra bien rien n’est fixé!
Alors je rêve de mon année tour du monde!dans 3, 4 ans le temps d’avoir le budget pour.
Une chose est sur je n’ai pas envie de faire une checklist mais comme tu l’as fait sortir des sentiers battus (je suis allée dans le mondulkiri et j’ai moi aussi adoré).
Je te souhaite de pouvoir continuer à voyager comme tu en as l’envie!
Belle journée à toi!
Merci beaucoup Chloé!
Apres, je ne critique pas les personnes qui sont branchées check list ou bucket list, apres tout, quand on voyage il vient forcement un moment ou l’on se dit « je veux absolument voir ca! ». Et justement, c’est ce qui fait tourner la tete!
En tout cas, je te souhaite un merveilleux tour du monde a venir! Et si tu as des questions sur des destinations, n’hésite pas!
J’aime beaucoup ta conclusion… Le fait d’avoir trouvé la réponse à ton travel bug, une réponse douce, honnête, faisable… Bravo ! C’est chouette de reconnaître tout ça et d’arrive à mettre des mots sur cette belle drogue. Well done ! <3 Plein de gros bisous ! <3
Merci ma lili! C’est un véritable travail d’introspection que de comprendre ce que le voyage nous apporte et pourquoi on l’aime tant!
Coucou. Voilà 2 mois que je suis sur les routes. Et le retour s’annonce progressivement. La question de repartir aussi. Et je pense opter pour des voyages de 2 semaines minimum à l’avenir car j’aime le fait de finalement changer son programme de la journée sans pour autant me priver de ce que je veux voir absolument ni de me reposer.
Salut Emma!
Toujours autant de plaisir à lire ton blog!
Je me retrouve une fois de plus dans ton article et dans ta pensée! Tu décris les choses que je ressens très justement et avec beaucoup de finesse! Merci beaucoup :-)
Pour ma part, j’ai eu besoin de me poser après un tour de monde de 5 ans. Avec mon copain, nous sommes devenus parents et l’envie de créer un foyer! mais l’envie de repartir est omniprésente et cela ne va pas tarder, je crois…
Merci de continuer à nous faire voyager :-)
Sarah
5 ans! Waouh, je suis impressionnée! Tu m’étonnes que vous avez eu envie de vous poser! Félicitations, c’est un merveilleux voyage aussi! La prochaine fois, ce sera le voyage en famille! En tout cas tu as du partager des moments magiques!
Ping : Épisodes #8 - Emma, la globe-trotteuse repentie - Voyageurs de Demain
Ping : Épisode #8 - Emma, la globe-trotteuse repentie - Voyageurs de Demain
Ton article est très inspirant! Merci d’avoir partagé ton parcours 😍