Si vous avez suivi mes aventures, vous savez qu’en Septembre dernier, je suis partie à la conquête de l’Amérique du sud avec ma soeur. Nous avions décidé de faire une escale à Cozumel, au Mexique, pour profiter d’un peu de plongée avant de continuer notre route. Ce qui devait être trois semaines sur une île s’est transformé en voyage à part entière. Un voyage bien différent de celui que j’avais en tête, bien plus profond et qui au final était exactement ce dont j’avais besoin. Car 5 mois plus tard, nous sommes toujours là, sur cette île si particulière dans un pays magnifique, et on n’est pas encore prêtes de partir…
Cozumel, île de la féminité
Qu’on se le dise, Cozumel n’est pas l’île la plus belle qui soit. Les belles plages sont éloignées, le port est envahi par les gros bateaux de croisière, la vie y est chère et n’est pas très représentative de la culture mexicaine.
Mais elle a quelque chose de spécial. Une énergie particulière, un mouvement qui se crée, une aura. Ici j’ai rencontré des gens formidables, qu’ils soient locaux ou étrangers. Et cette île ne me laisse pas partir. Cela va vous sembler un peu fou, mais c’est exactement le sentiment que j’éprouve. A chaque fois que l’on a décidé de partir, il y avait quelque chose qui nous retenait.
Je suis arrivée sur l’île bien confuse. Si vous vous souvenez, j’étais encore pleine de questions existentielles, en besoin d’inspiration et en quête de moi-même. Mon premier voyage avait tellement chamboulé ma vie, que j’étais un peu perdue sur ce que j’allais faire, sur qui j’étais.
Nous avons commencé comme de simples volontaires dans un projet d’éducation alternative, sommes revenues après une courte visite des terres tellement nous avons aimé pour y trouver un couple de basques qui nous ont enseigné à faire des meubles en palettes. Plus que cela, ils m’ont inspiré et redonné confiance, de part leur créativité et l’amour qu’ils partageaient.
Puis nous avons décidé de profiter de l’opportunité de travailler avec une instructrice de plongée pour faire notre formation de divemaster, guide plongée, une formation qui me trottait dans la tête depuis longtemps.
Pour terminer, nous avons fini l’année avec l’arrivée de trois petites sorcières sur le projet. Je dis sorcières car se sont des filles très branchées spiritualité, thérapie, guérison et rituels. Rien de vaudou là-dedans, juste une conscience du monde très différente de notre monde occidental.
C’est là que j’en ai appris plus sur là où j’étais, 3 mois plus tard! Cozumel était le lieu sacré de la déesse Ixchel, déesse de la fertilité protectrice des femmes et déesse de la lune, et fut un lieu de pélerinage pour les femmes mayas désireuses d’avoir des enfants. Il y a donc une énergie féminine très forte sur l’île, et personnellement je trouve que cela se sent.
En m’ouvrant un peu à ce monde, les choses ont commencé à prendre forme dans ma tête, me donnant l’impression que ce cheminement n’était pas dû au hasard.
Les trois représentations de la déesse Ixchel
Eveil et spiritualité
De là, j’ai commencé à comprendre un peu mieux l’état d’esprit spirituel de mes connaissances ici, de l’importance accordée aux éléments, à la pachamama (la mère Terre), au coeur plutôt qu’à la raison, de leur reconnaissance et gratitude.
J’ai participé à des cérémonies de temazcal, un bain de vapeur qui se déroule dans une hutte dans l’obscurité totale, représentant l’utérus de la femme. La chaleur et l’humidité, en plus de nettoyer le corps par sudation, ont aussi un pouvoir de purification de l’esprit. La sortie de la hutte à la fin de la cérémonie symbolise une renaissance. Chaque expérience est différente, et cela fait un bien fou de se lâcher, sans se soucier du regard des autres.
J’ai également participé à des cercles de femmes, autour d’un feu (surnommé abuelo – grand père), lors de la pleine lune et de la nouvelle lune. Au cours de ces cercles, on médite, discute, exprime des intentions, fait des offrandes au feu, et c’est un bon moment à passer entre femmes, assez libérateur aussi.
Lors de ma première cérémonie de nouvelle lune, nous avons fait l’exercice de jeter au feu nos peurs et ce dont on n’avait plus besoin pour avancer. J’y ai longuement pensé, à toutes ces choses qui me pèsent. Je voulais ressentir l’émotion mais rien ne venait. Mais lorsqu’est venu le moment de jeter ma pincée de canelle au feu, j’ai eu une seconde d’hésitation avec la sensation de ne pas vouloir lâcher prise. Je réalisais la symbolique qui m’a figé quelques instants. J’ai lâché. Et d’un coup mon corps entier s’est mis à frémir et toutes les larmes sont sorties. J’ai pleuré là pendant 5 bonnes minutes, me sentant profondément soulagée.
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A la fin de la cérémonie, nous devions écrire une liste d’intentions, sur lesquelles on allait travailler au cours des semaines à venir. Les filles disaient que la lune nous donnerait l’énergie de les accomplir. J’ai écrit des intentions très personnelles, concernant mon estime de moi et la nécessité de reprendre confiance en moi, de ne plus être si exigeante avec moi-même. Et vous savez quoi ? Et bien depuis j’ai entamé un chemin de redécouverte de moi-même complètement fascinant.
Tout cela m’a grandement aidé à m’ouvrir et à prendre le temps de m’occuper de moi, vraiment. Pas juste de me poser des questions. Pas juste de constater que j’avais des blocages mais ne savais pas d’où ils venaient. Pas juste de penser à ma prochaine destination, au rythme qui me permet d’oublier mes problèmes et de me donner l’impression d’avancer.
La vie après la tortue bleue
Après quatre mois passés chez notre hôte, le temps était venu de quitter le nid. L’ambiance devenait lourde, avec des tensions concernant les difficultés financières du projet, le manque d’organisation et de vision concrète. Il n’y avait plus grand chose que nous puissions offrir à ce stade et, ayant décidé de partir au début du mois de février, nous voulions profiter d’un peu d’indépendance. J’écoutais mes envies plutôt que de faire ce que l’on attendait de moi. Un énorme changement pour moi !
Mais au bout de quelques jours, nous avons décidé de rester. Nous avions plein d’idées que nous souhaitons mettre en place, que ce soit sur l’île ou concernant des projets personnels, et j’ai senti la nécessité de casser le rythme. D’accepter de me poser quelques temps pour faire les choses qui m’inspirent.
Prendre le temps pour moi, mes projets et arrêter de courir. Ne plus fuir mes peurs mais les résoudre. Car les barrières que je rencontre, je me les impose moi-même. Mais il n’y a pas de règle, pas de façon uniforme de gérer sa vie. Le plus important est d’être heureux. Et non penser à être heureux, dans le futur, quand enfin on aura atteint ceci ou ça. Non. Être heureux là, tout de suite, tous les jours.
Finalement c’est ce dont je parlais dans mon tout premier article. Je n’avais juste pas saisi toutes les dimensions de la question, et m’était un peu perdue devant la réalisation que je pouvais faire ce que je voulais, que j’avais le choix. Trop de choix.
Et depuis, mon chemin d’apprentissage continue. Je vis quasi chaque jour une nouvelle épreuve, tel un parcours du combattant. Chacune me met face à mes peurs ou mes perceptions, me force à lâcher prise, et à chaque fois cela se passe au moment où je suis en mesure de l’accepter. C’est vraiment très étrange comme sensation. Cette impression de perfection, que tout à une raison.
J’ai débuté une routine matinale quotidienne de méditation, de yoga et d’écriture, passé du temps à me comprendre et à ouvrir mon cœur. Et je me sens bien, en paix, heureuse. J’ai l’impression de me retrouver. Je ne sais pas comment c’est arrivé, cela s’est fait progressivement. Je prends le temps de vivre, de sentir les choses, le moment présent, de contempler et d’être reconnaissante de tout ce que j’ai.
Je suis bien ici. Au bord de l’eau, au soleil, dans un petit appartement qui me coûte environ 80 euros par mois, un diplôme de plongée en poche avec des possibilités de se faire un peu d’argent en travaillant un peu, plein d’idées sur lesquelles travailler. Tout ce dont je rêvais finalement.
Je parle souvent du besoin de reconnecter les choses entre elles, de se reconnecter à la nature et aux autres car tout est lié. J’avais oublié qu’il fallait aussi se reconnecter à soi-même. Finalement je commence seulement à réaliser l’ampleur de ce qu’est être conscient. C’est ce qu’il me manquait, un élément de connexion plus spirituel, qui guide, rassure et nous entretient dans un cercle vertueux. Ne plus avoir peur, car c’est ça qui nous fige et nous empêche d’avancer.
Lors de ma seconde expérience de temazcal, il y a seulement quelques jours, le temazcalli (le maître de cérémonie), a dit des choses qui m’ont beaucoup parlé. Que nous vivons dans une coquille et que dès que nous sortons la tête et apercevons un peu de lumière, nous avons peur et nous re-cachons dans la sécurité de ce que l’on connait. Mais qu’il n’y a pas plus de sécurité et au contraire, c’est lorsque nous sortons pour aller vers cette lumière que nous libérons notre esprit, que nous vibrons et nous exprimons avec le cœur. Bref, que nous nous sentons vivants. Que les 3 clés pour s’épanouir sont d’avoir un mental ouvert à l’apprentissage, être prêt à accepter les changements, et avoir la capacité de réévaluer ses perceptions, car finalement, tout n’est que perception. Pour moi, tout est dit.
NB : Non je ne suis pas folle ni tombée dans une secte ;)
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Il y a des jours où on croit avoir tout compris, et d’autres où réalise qu’on a encore beaucoup à apprendre !
Et toi, crois-tu au hasard ?
Merci pour ce joli témoignage Emma.
Cela fait plaisir de ne pas être seule à faire cette démarche: se retrouver soi, c’est certainement le plus beau voyage qu’on a à entreprendre. Je suis en train de parcourir un chemin analogue. J’ai retenu une de tes phrases: écouter ses envies plutôt que ce que les autres attendent de soi. Je pense c’est de cette façon qu’on est bien plus en mesure d’aider les autres et de produire quelque chose de positif!
Hello toi! Merci, j’ai l’impression qu’on se retrouve souvent sur la même longueur d’onde toutes les deux! C’est sûr que tu n’est pas seule et tu as raison c’est super important de s’écouter et de ne pas agir en fonction de ce que les autres attendent de toi! Tu es où maintenant?
Merci pour ce partage, sincère, profond et émouvant… Personnellement, je ne crois pas au hasard. Je pense qu’inconsciemment, on sait et sens beaucoup de choses qui nous guident, sans qu’on le sache, vers des lieux, des personnes des décisions… Je te souhaite tout plein de bonheur et de sérénité pour la suite :-)
Merci Natasha, je pense tout comme toi (mais ça on le savait déjà!).
Merci pour ce partage touchant! Loin d’être une fuite, un voyage peut être un accélérateur pour s’ écouter, se découvrir, évoluer, prendre des décisions. Ton témoignage en est une belle illustration! Je ne te connais pas mais je te souhaite le meilleur sur ce cheminement personnel!
Merci Nathalie! Je prends le voyage comme une école de vie, bien plus enrichissante que ce que j’ai pu expérimenter dans ma vie « normale ». Cela n’empêche que le voyage n’aura de cesse de me surprendre, à chaque fois il me donne ce dont j’ai besoin, et ça ça n’a pas de prix! Merci pour tes encouragements, ça me touche beaucoup!
Merci de nous faire partager cette expérience unique…..c’est une quête spirituelle. Rien arrive au hasard dans la vie…..il fallait que tu sois prête. J’aurais aimé être auprès de toi je suis heureuse de te savoir heureuse. Les joies simples de la vie, le mode de vie occidentale l’à oublié. …..et nous sommes des ringards si on l’évoque. …ultra et supra connecté mais à quoi et pour quoi? Hugs Hugs. Valroche
Merci ma valroche! Oui c’est triste qu’on oublie les vraies choses importantes de la vie, elles sont plus simples et accessibles qu’on le croit…
Gros bisous à toi, miss you!!
Le plus beau des voyages ! :) j’aimerai pouvoir de rejoindre !
Je suis très fière de toi et très heureuse pour toi, merci de partager ça !
<3
Merci ma belle! Tu sais que la porte est ouverte!! Miss you too
Très bel article !
Bonne continuation :)
Hola Emma !
Très bel article, qui m’a rappelé mon expérience dans la Péninsule du Yucatán, et pourquoi je suis encore très attaché à cette Terre et son peuple depuis près de 5 ans.
Comme toi, j’y ai appris énormément de chose sur moi-même, et je n’ai pas été capable d’en partir avant d’avoir compris ce dont j’avais vraiment envie, d’être reconnecté un peu plus à moi au final. Encore aujourd’hui j’aimerai retrouver cet état de sérénité que j’essaye d’entretenir tant bien que mal. Peut être même que j’aurais besoin d’un nouveau temazcal :)
Tu as réussi à poser les mots sur cette expérience, et je te remercie de l’avoir partagé.
Bon voyage
Saludos
Bonjour Jonathan!
Ravie de voir que tu as eu une experience similaire! Il y a quelque chose de magique dans ces terres. C’est exactement comme tu dis: je ne peux pas partir tant que je n’aurais pas compris ce dont j’ai vraiment envie et de me connaître plus. C’est un travail en profondeur mais super agréable et révélateur. Je suis bluffée de tout ce que j’apprends chaque jour ici!
Je te souhaite de beaux futurs voyages, qu’ils soient externes ou internes!
Buen camino ;)
La vie prend parfois des chemins inattendus. Parfois on se trouve là où on y aurait pas pensé. Moi je suis contente d’avoir découvert ton blog et j’ai hate de lire la suite de tes aventures.
Oh merci, cela me touche beaucoup!
Bonsoir,
Je suis tombe sur votre site un peu par hasard en cherchant des infos sur le Canada.
(Mon fils part dans une semaine faire une annee d’etude a Montreal)
Je vous felicite pour votre appetit de vivre !
J’aurai 20 ans de moins et moins de responsabiltes, je me serai bien laisse tenter par votre mode de vie.
Bonne continuation
Jean-marc (Toulouse)
Merci Jean-Marc! Cela me touche beaucoup!
Je ne sais pas quel âge vous avez mais je connais des gens de tout âge qui choisissent ce mode de vie. Après je comprends la difficulté de se détacher de certaines responsabilités.
Si votre fils à des questions sur Montréal, n’hésitez pas à lui faire lire certains articles, j’en ai écris pas mal, ou simplement de me contacter via la page de contact, je serai ravie de pouvoir aider (même si je n’ai pas étudié là bas!)
Merci pour cet article et ce voyage retour à l’île de Cozumel que j’avais beaucoup aimé aussi.
J’aime beaucoup quand tu parles de sortir de la peur, vers la lumière, de s’écouter et faire confiance. Je sens la vie parler et dire exactement la même chose. C’est bon qu’on soit de plus en plus nombreux à essayer tous les jours de lâcher la peur et laisser la vie circuler en nous.
Gros bisous !
Cécile
Quel plaisir de lire ton commentaire! Merci beaucoup Cécile, ça me touche beaucoup!
J’ai appris énormément au Mexique, ce fut un voyage incroyable et je suis heureuse de sentir que la magie continue même de retour en France. J’ai un amour profond pour ces terres! C’est pour ça que je me retrouve tellement dans tes posts, qui m’accompagnent et me soutiennent sur ce chemin!
Je suis contente aussi qu’on soit de plus en plus à se poser ces questions et se libérer. Le monde a besoin de gens heureux!
Bon séjour !
Bisous
Ping : Les îles du Yucatan : Cozumel, Isla Mujeres et Holbox
Bonjour Emma,
Votre témoignage a une vraie résonance dans ce que je vis, et pas hasard je tombe sur votre article avant mon voyage au Mexique, étant intriguée par les rites de Cozumel! Comme le destin ne fait jamais les choses par hasard (selon moi) je voulais savoir si vous étiez toujours sur l’île. Nous sommes à la recherche avec mon cher mari (nous sommes jeunes mariés) d’une découverte autenthique loin des touristes qui participent à la destruction globale du patrimoine local…pour votre information j’oeuvre au quotidien pour un développement plus durable d’une commune et échanger avec vous me ferait réellement plaisir. J’espère que le « hasard » fera revenir cette bouteille envoyée à la mer… Amicalement
Bonjour Sofia, je ne suis plus à Cozumel, mais ma soeur y vit toujours et j’ai des contacts sur place. Situ as des questions plus précises, tu peux m’écrire à blog.planetaddict@gmail.com.
Bonne année !