Vous êtes-vous déjà demandé d’où viennent les produits que vous achetez ? Comment ils sont faits ? Qui les a fabriqués ? Avec quoi ? C’est une question que je me pose de plus en plus au quotidien. Voici l’envers du décor et quelques bases d’éco-conception.
L’histoire des choses
Avec l’industrialisation et la standardisation de la production, on a perdu notre connexion aux choses, on ne voit que le produit fini et on ne pense plus à tout le processus qui l’a conduit jusqu’à nous. On prend facilement pour acquis toute cette nourriture et tous ces objets que l’on voit sur les étagères de nos supermarchés.
D’ailleurs, j’ai de plus en plus de mal à me retrouver dans ces endroits. Je ne sais pas si c’est l’abondance de produits ou si c’est seulement que certaines choses ont changé dans ma tête, mais ça me donne le tournis !
Pour vous parler de ce système dans lequel on vit et ses alternatives, je vais m’appuyer sur une vidéo d’Annie Leonard, une militante américaine altermondialiste et critique de la surconsommation qui a parcouru le monde pour enquêter sur ce qu’elle appelle “l’histoire des choses” (“Story of Stuff”). Je vous recommande fortement de la regarder (elle dure seulement 20 minutes et ça passe très vite !) car les illustrations sont très parlantes et sa manière d’expliquer nous fait prendre conscience de l’absurdité de notre système. Vous vous surprendrez à ensuite regarder toute sa série de vidéos !
Mais bon, parce que je suis gentille et que je comprends que certaines personnes n’auront ou ne prendront pas le temps de la regarder, voyons les idées principales. :)
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Un système en crise
En gros, on a créé un cycle de vie des produits linéaire, alors que nous vivons sur une planète avec des ressources finies. Déjà au départ, on n’était pas très futés. Ou alors on a fait exprès ?!?
Tout commence à l’extraction, ou plutôt l’exploitation des ressources naturelles qui tourne à la destruction de notre planète (on rase les forêts, on fore, on creuse, on puise de l’eau, on craque la roche pour les minéraux, on extermine les animaux etc. etc.) et avec, sa capacité à nous maintenir en vie.
Et lorsqu’on ne trouve plus de surface à exploiter, on va la chercher ailleurs, généralement dans les pays pauvres ou en développement, privant les populations locales de leurs terres. Résultat :
S’en suit la production, qui est très gourmande en énergie (= ressources naturelles) et en produits toxiques. Tout produit toxique utilisé en intrant, va forcément se retrouver à la sortie: dans le produit fini (que l’on consomme, miam miam) ou dans la nature (et pourquoi pas là où on ne dira rien : les pays pauvres !).
Pourtant des effets il y en a un paquet ! Entre autres: ceux qui travaillent au contact de ces produits tous les jours dans leur travail développent des maladies, et la plus forte concentration de contaminants toxiques de notre chaîne alimentaire se trouve dans … le lait maternel !
Puis ces produits continuent leur chemin jusqu’à la distribution, où on peut les acheter à un prix relativement bas, qui ne reflète absolument pas le vrai prix, “grâce” à cette exploitation des ressources et des hommes (et quelques subventions bien placées). J’ajouterai que quand on voit qu’un produit local, bio, et respectueux du travail des hommes coûte plus cher qu’un produit dont les morceaux viennent des 4 coins de la Terre et qu’il a parcouru des milliers de kilomètres pour arriver jusqu’à nous, je pense qu’on est en droit de se poser des questions! Je le constate d’ailleurs bien souvent ici au Québec !
Tout ça pour entretenir la consommation, le Saint Graal de notre société. On va même jusqu’à concevoir des produits voués à ne durer que quelques mois ou années et inciter les gens à renouveler leurs achats, même si ce qu’ils possèdent est toujours fonctionnel. Pas bête l’alouette ! Cela entretient aussi notre éternelle insatisfaction, on veut toujours plus, on nous dit qu’on a besoin de plus, donc on y va! Mais ça ne nous rend pas plus heureux, parce qu’au final, on a moins de temps pour les choses qui nous tiennent vraiment à cœur.
Et oui, tout ça pour finir à la poubelle. La destruction des produits se fait soit par incinération, qui libère nos toxiques de tout à l’heure et en crée de nouveaux, soit on balance tout ça dans les décharges, soit on les envoie… oui encore dans les pays pauvres ! Ils ont bon dos ceux là! Ah bon, tu savais pas qu’on envoyait nos déchets électroniques en Afrique ?
Heureusement, il y a le recyclage ! Mais ce n’est pas suffisant. Car pour une poubelle sortie sur le trottoir, 70 ont été remplies pour produire ce qu’on a jeté (même si maintenant, certaines entreprises de production recyclent, il serait temps qu’on s’y mette !).
L’éco-conception
Heureusement, il existe des solutions. (Autres que de vivre tout.e nu.e sur une île déserte et manger des algues !)
Ce qu’il faut surtout, c’est reconnecter le système et le transformer en un circuit circulaire, qui respecte les hommes et les ressources à chaque étape et supprimer la phase déchet! De l’éco-conception et du commerce équitable. Mais aussi un changement des règles du jeu : Better vs More. En finir avec cette idée de toujours produire plus, consommer plus. C’est ce qu’on appelle l’éco-conception : intégrer la réflexion sur la « fin de vie » d’un produit au sein de sa conception.
Au final, ça paraît assez logique. Et ce qui est encourageant, c’est que les choses bougent pas mal et que de nouvelles entreprises naissent tous les jours avec cet objectif !
Pour en trouver des exemples et terminer sur une note positive, allez faire un tour sur Shamengo, cette initiative fondée par Catherine Berthillier, grand reporter, qui nous fait découvrir chaque semaine un nouvel entrepreneur de l’économie positive : celle qui prend en compte la nature et les hommes et non le seul profit.
Je re-cite Annie Leonard quand je dis que si certains pensent que cette idée de créer un nouveau système est utopiste et irréaliste, en réalité, croire que l’on peut continuer de se reposer sur le système actuel et en vivre indéfiniment, c’est ça l’illusion !
Rien n’est fatal, et puisque les hommes ont crée cette société, il est tout à fait possible d’en créer une autre.
***
NB: La photo que j’ai choisie pour illustrer mon article a été prise dans un cratère de soufre en Indonésie, où les travailleurs effectuent plusieurs allers-retours périlleux pour récolter ce minéral jaune (70kg portés sur leurs épaules à chaque fois). Sans protection particulières, ils respirent ça toute la journée, et finissent par développer des abcès et maladies. Le soufre est notamment utilisé dans la fabrication d’allumettes et de médicaments à base de sulfamide (antibiotiques) et de pommades dermatologiques.
J’adore ces vidéos, on les a découvert au musée de Regina en Saskatchewan !
Édifiant !
Je les ai découvertes à travers un cours en ligne de type coursera. J’adore aussi, c’est vraiment très parlant!
Et merci pour l’autre vidéo, du coup je l’ai ajoutée dans l’article ;)
Super article. Par contre, tu pourrais développer sur le lait maternel? Ça l’intrigue?
Et? Les illustrations sont de toi aussi? Trop fraîches et super! ;)
Xx
Merci la loutre!
Oui les illustrations sont de moi, j’avais envie d’expérimenter!
Pour le lait maternel, en fait c’est qu’on ingurgite des toxines à travers notre alimentation et tous les produits qui sont fabriqués avec des toxiques (cosmétiques, électroniques etc.) tout au long de notre vie. Ces toxiques se retrouvent ensuite en trèèès forte concentration dans le lait maternel, avec lequel on va nourrir nos bébés. Donc les bébés, fraîchement arrivés sur terre, sont déjà bourrés de toxiques. Ce n’est pas le fait de donner le sein qui est remis en cause, au contraire, cela devrait rester la chose la plus naturelle au monde. C’est juste hallucinant de voir que cet acte si naturel est complètement sali par tout ça!
J’espère que ça t’aide. Je te conseille de regarder la video si je n’ai pas été claire, et au besoin je pourrai fouiller un peu plus!
Merci pour toutes ces explications! C’est bien résumé et j’aime beaucoup ces petites illustrations! Quel beau travail Emma! bravo :)
Merci beaucoup Rimen! J’espère que ça aide à y voir plus clair!
Pour tous ceux et celles qui utilisent le charbon de bois pour le Barbecue,il suffit d’aller voire comment il est produit, comme pour tes travailleurs en indonésie, rega
la fabrication du charbon de bois pour le Barbecue, il suffit d’aller voire comment il est produit, comme pour tes travailleurs en Indonésie!!! regardons un peu plus comment tous ce que l’on veut nous faire avaler, acheter etc…
Exactement Christine.
Pensons un peu plus au « making of » du produit avant de l’acheter.
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Salut Emma,
Totalement d’accord avec toi! et avec Annie Leonard : ce système est complètement fucké (comme disent nos amis québécois ;-)).
Le coût de nos produits est complètement biaisé et vu à la baisse et cette différence de prix; c’est nos enfants qui la paieront avec tout ce qu’on leur laisse sur le dos! Si le prix prenait en compte les valeurs d’énergies, de ressources, de temps et de déplacement que cela coûte pour de vrai, les gens se rendraient peut-être compte que l’on vit bien au dessus de nos moyens et que ce système est absurde!
Mais ne perdons pas espoir et essayons de changer ce que nous pouvons en consommant et vivant différemment! :-)
Merci pour ce bel article :-)
Saranena
Hello Saranena et bienvenue sur le blog !
On parle souvent de la nécessité d’intégrer les externalités négatives dans le prix des biens mais bizarrement, je ne le vois toujours pas! Comme toi, je pense que cela rendrait la bonne valeur aux choses et permettrait au consommateur d’aiguiser ses choix.
On dit que ce qui est rare est cher, mais nos océans manquent de poissons et pourtant, on en voit toujours autant sur les étals, et a des prix relativement abordables…
Enfin, concentrons nous sur le positif, c’est bien meilleur de dépenser son énergie ainsi!
Merci pour ton point de vue!